Parce qu’il est des personnes, des évènements et des raisons que l’histoire tend à oublier je me permets de vous proposer des séries d’articles pour lever le voile sur ces personnes et événements. Et quoi de mieux pour débuter avec l’une des figures oubliés de l'âge d’or des comics ?
L’année 1945 commence à peine.
L’hiver est bien installé et apporte avec lui un parfum de liberté qui s’étend inexorablement sur l’Europe ; repoussant les forces de l’Axe dans leurs derniers bastions qui subsistent après les assauts inexorables de l’armée Alliée.
C’est d’un de ces bastions, niché au cœur des alpes suisses, que surgit une voiture, le moteur rugissant dans la nuit. A son volant, une femme. Pas n’importe quelle femme.
Alice Marble. Championne. Chanteuse. Autrice et éditrice de comics. Activiste. Femme Mondaine…Et en ce moment membre de l’O.S.S.
Elle, pourtant plus habituée au gazon et à la terre battue, roule sur les routes enneigées à toute allure. Comme s’il n’y avait pas de lendemain.
“C’est pour Joe", se dit-elle. Joe Crowley. Son époux, mort en héros, son avion abattu au-dessus de l’Allemagne. C’est pour leur enfant, qu’elle n’a pas pu porter à terme. Mais c’est pour le monde surtout.
Elle avait tenté d’en finir avec la vie. Tenté de rejoindre Joe et leur enfant qui n’a pas pu naitre. Mais elle avait échoué et, un jour, au détour d’un restaurant de Manhattan elle trouva une nouvelle raison de vivre. Une raison qui prit l’apparence d’un membre de l’Office of Strategic Service venu lui demander de reprendre contact avec un ancien amant, Hans, un banquier suisse qui depuis le début de la guerre fraie avec les Nazis. Elle n’avait pas hésité une seconde et elle s’est donnée corps et âmes à son entrainement ; apprenant tout ce qui lui est nécessaire pour réussir sa mission en moins de deux semaines.
Et elle l’a réussi. Tout est là !
A côté d’elle la sacoche qu’elle a sorti illicitement de la forteresse. Ça n’avait pas été facile de gagner la confiance de son hôte. Pas facile de feindre un léger malaise pour pouvoir se rendre là où il cachait ses documents. Ouvrir un coffre s’est avéré bien plus dur qu’à l’entrainement. Et pourtant ça avait presque été un jeu d’enfant…Si seulement elle n’avait pas oublié d’éteindre la lumière avant de sortir, elle n’aurait pas été obligé de voler la Mercedes de Hans et de s’enfuir. Mais tout est là !
Comme si elle avait le diable aux trousses elle se rend au rendez-vous que lui a fixé son contact à l’O.S.S. Mais le diable a cédé sa place aux agents SS qui la traquent sans merci dans la nuit froide, criblant de balles le bolide qu’elle conduit. Elle espère s’en sortir mais soudainement la voiture ne répond plus, s’arrête, et Alice n’a plus de choix. Elle s’empare des documents et part en courant.
Elle sera abattue. D’une balle dans le dos qui la laissera agonisante, son sang s’étalant dans la neige.
Ce qu’ignore le tireur, c’est qu’elle va survivre. Et que même s’il lui a dérobé les documents qu’elle venait chercher, Miss Marble a une mémoire photographique. Et ce qu’elle a lu, elle va le transmettre. Et à la virgule près.
Apportant sa pierre à une victoire décisive contre les forces de l’Axe.
Cette histoire semble hautement improbable mais toute la vie de Alice Marble semble être la définition d’improbable.
Née en 1913 d’un père chercheur d’or devenu fermier et d’une mère infirmière, elle est l’avant-dernière née d’une fratrie de 5 enfants. Elle vivra jusqu'à l'âge de 6 ans dans la ferme familiale avant que sa famille ne s’installe à San Francisco. Son père, de fermier, se reconvertit en bucheron mais le malheur frappera durement la famille Marble lorsque, déjà diminué par un accident de voiture, la pneumonie l’emportera lorsque Alice n’avait seulement que 7 ans.
Comme Alice le dira elle-même dans ses mémoires, si elle n’était pas assez vieille pour comprendre l’ironie de voir mourir, pour une raison apparemment si bénigne, un colosse capable d’abattre des arbres de 50 mètres de haut, elle l’était assez pour sentir la morsure de la pauvreté. Ses deux frères ainés se retrouvant obligé d’abandonner l’école pour travailler à poser des parquets six jours sur sept pour aider financièrement leur mère.
Mais de cette période Alice en conserve, malgré tout, de merveilleux souvenirs ou sa mère partage avec eux son gout pour la musique tandis que son oncle leur donnera le gout du sport.
Rapidement la petite Alice s’avère être très douée pour le sport. Notamment le base-ball.
Véritable petit garçon manqué elle va, avec ses frères, hanté les terrains de base-ball ou ses lancers vont rapidement attirer l’attention de tout le monde, notamment des joueurs professionnels des San Francisco Seals qui vont très vite la prendre sous leurs ailes pour l’entrainer et en faire la mascotte du club lorsqu’elle avait treize ans. De cette époque, elle marquera profondément un gamin un peu plus jeune qu’elle qui deviendra un membre de cette équipe bien plus tard avant de devenir la légende des Yankees, et le futur monsieur Marylin Monroe, le très grand Joe Dimaggio qui disait d’elle qu’elle avait un bras extraordinaire.
Mais le sport qui fera d’Alice une légende n’est pas le base-ball.
Crédits et Bibliographie :
SAM SPADE Private Detective - Half Hour Radio Show c.1948 w/ Howard Duff
Superman Radio (Ep269-275) The Silver Arrow ( October 29, 1941)
The Falcon The case of the neighbors nightmare ( February 4, 1951)
I Spy (Main Theme) - Earle Hagen
Angel Eyes - Matt Dennis.
She's a Great Great Girl - Hal Kemp & His Orchestra